Bords de mer
on dit du large
qu’il laisse à quai quelques tristesses et le silence des voiliers des amas de cordage se cognent au blanc des phares et des désirs ajoutant leur faiblesse à la nôtre pour retenir ce qui rassure mais la mer chante et réchauffe et ses mouvements déliés comme des phrases accueillent ce que l’on porte une île égoutte son port et ses clochers aux algues des certitudes elle tient contre elle l’air et la beauté à tremper dans le bleu. |
il y a
derrière la digue un hôtel où l’on revient c’est une toile que retiendrait la mer l’année qui brille d’une nuit de calme la main d’une femme sur une vitre de buée il affrontera le vent la pluie où tout n’est pas visible il apprendra la langue des nuages qui reste si lointaine et ce qu’elle cache et qu’on voudrait nommer. |
La mer enfouie
et toujours
cette marche nue ce vertige solitaire qui accorde le vent à la nuit et creuse un corps sans voyage et toujours ce léger tremblement ce murmure du temps qui inlassablement nous relie à la courbe des vagues aux pulsations du cœur. |
on ne se ferme à rien
on quitte seulement le cercle on creuse la plainte des falaises et les bonheurs brisés on tend l’oreille au vent la mer dans son vacarme ruisselle jusqu’à nos larmes la douleur tombe et nous pétrit la voile libère des mots une vie contre la vague s’écroule nue plus rien ne nous sépare. |
Un chemin d'eau
c’est d’ici
que l’eau se lève apprend parfois se pacifie elle porte barges et bateaux elle part à la rencontre ne connaît pas sa berge ni quel pont ni quel nuage s’accrochera à son image elle donne sang aux veines de la ville pour que la mer un jour consente à l’accueillir. |
sur la place
tu ramasses l’odeur de la mer et les vagues sur la berge une lanterne dessine la lumière le pavement et la pluie et tu avances doucement avec la vie qui prend l’eau les bottes et les pigeons tu rouvres les ruelles où jadis on te prenait par la main et tu lèves les yeux à te noyer le visage pour mieux entendre ce que tu cherches. |