à la racine de l’arbre
un peu de rien
et de ce calme après la pluie lorsqu’entre en nous la terre sans bruit sans effraction et on est là sans savoir sans oser à laver nos silences à s’allonger sur le sommeil où tout pourrait finir. |
ainsi
se pourrait-il que l’arbre et son écho se disent des choses et que ces choses trouvent leur chemin que tout soit là sans rien vouloir se pourrait-il qu’une source jaillissante déchiffre une à une chaque rivière que dans la nuit où tu t’avances tu puisses toucher ce qui frémit s’offre et t’attend |
un arbre une saison
se laver le visage
au bruit de chaque source faire place silencieuse à nos remous garder la ligne claire de nos rivières. |
ce serait
comme un matin d'hiver le fil d'un ruisseau bleu enfoui dessous la neige ce serait comme un silence dans la pénombre du passé que toucherait une prière les larmes et les clochers ne diraient rien du feu le ciel et Dieu en appelleraient aux branches et l'aube de demain pourrait tout éclairer on la verrait dehors mettre de l'ordre au dedans. |
surgi de la forêt
tu me demandes
pourquoi je touche le tronc de l'arbre et le langage qui est le sien c'est vrai que je ne sais rien de son espace ou de la sève en lui qui lève la terre jusqu'au soleil c'est vrai que je ne sais rien rien de la voix qu'il donne aux oiseaux rien de ce temps qu'il donne au temps il y a auprès de lui une force sans histoire un bout de terre qui me traverse et cet amour que je pourrais donner. |
aujourd'hui
je tenterai la traversée d'une clairière je suivrai les contours de la forêt l'ombre des signes des chevaux je ramènerai à la lumière du matin cette apparence d'une rencontre et ce ne sera pas l'automne des illusions ni le printemps des rêves un entre deux qui marche sur les feuilles je ne serai plus inquiet de ce que j'ai fait ou pas fait je ne serai plus inquiet de ce passage insignifiant de moi-même à moi-même je dirai cela presqu'à voix haute et calme dans les fougères et j'y laisserai debout ce peu qu'on ne possède pas. |
l'arbre sans fin
un jour il n’y aura plus d’eau
plus d’eau plus d’eau du tout il fera sec les sources seront vides l’eau partie évaporée il fera soif il fera sec avec la vie dans une étuve l’absurde et les regrets il fera soif il fera sec entre les feux et les déserts l’attente vaine et les gosiers un jour il n’y aura plus d’eau plus d’eau plus d’eau du tout privatisée on s’en privera on en privera les autres on en privera les arbres on s’enflammera on se battra on en fera des guerres plus d’eau vous dis-je plus d’eau du tout elle sera sale tordue immonde impropre à nos mirages impropre à nos obésités usée jusqu’à la mer tarie de nos fontaines enflée de nos bains bulles au robinet des larmes au son de son souvenir un jour il n’y aura plus d’eau plus d’eau plus d’eau du tout |
et on la voit parfois
assise à la fenêtre crochetant la vie au bout des doigts elle fait grandir l'ouvrage de la jeune fille qu'elle fut et son regard demande pardon aux âmes et à la laine qui garde la chaleur de son départ. |